Quand des marins sont des héros méconnus

Après Là où se termine la terre et Le temps des humbles, découvrez le dernier tome de cette trilogie chilienne ! Un récit chorale qui dresse un pont entre le Chili d’hier destiné à devenir le laboratoire de l’ultra libéralisme et le monde d’aujourd’hui héritier de cette expérimentation.

À la fin des années 1950, quelque part entre le Cap Horn et le désert d’Atacama, Lucho grandit avec ses grands-parents, à La Calera. Pendant que ses parents sont trop occupés, l’une par ses activités syndicales, l’autre par ses petits boulots, le jeune garçon apprend à construire des outils, pêcher et fabriquer toutes sortes de choses.

Pour lui comme pour ses camarades de jeu, tous de condition modeste, l’avenir professionnel est presque tout tracé : ce sera une profession manuelle, très prenante physiquement, mal rémunérée, et, ce, dès 15 ans. Mais à cette époque, la marine nationale recrute : c’est l’occasion de fuir sa condition.

Lucho poursuit donc ses études et obtient le concours en 1970, année de l’élection de Salvador Allende, et intègre l’école des mousses de Valparaiso. Alerté par les discours conspirationnistes de leurs officiers, avec d’autres marins, il est témoin des préparatifs du complot visant à destituer le gouvernement de l’Unité populaire.

Sur fond de conscience de classes, le soutien au président nouvellement élu Salvador Allende gagne les troupes. La riposte s’organise. S’engage alors une véritable course contre la montre pour éviter le coup d’État du 11 septembre. Une lutte sociale héroïque et peu connue retracée de ce roman graphique.

Le dernier tome de cette trilogie est un travail documentaire exceptionnel qui montre la minutieuse préparation du coup d’État de 1973. On y découvre le fonctionnement de l’état-major emprunté aux nazis (avec tous ses travers), leurs soutiens et relais dans la société chilienne, mais aussi leurs alliances internationales.

Les jeunes marins, qui réalisent la misère et les inégalités du Chili, au cours de leurs voyages, se rallient aux idées progressistes et s’organisent pour contrer ce coup de force. Cette immersion dans la marine chilienne est originale. Les illustrations en noir et blanc sont agrémentées de lettres manuscrites et autres coupures de journaux.

Et que se taisent les vagues – Chili, la traversée, de Désirée et Alain Frappier, éd. Steinkis, 320 p., 24 euros. Dès 13 ans

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