« Le Horla » est adapté en BD par Guillaume Sorel aux éditions Rue de Sèvres. Et, malgré les difficultés pour mettre en image la folie du personnage, c’est une réussite.

Le narrateur mène une vie tranquille dans sa maison au bord de la Seine, en Normandie, lorsque d’étranges phénomènes commencent à se produire. C’est la carafe d’eau sur sa table de nuit qui est bue, des objets qui disparaissent ou se brisent, une fleur cueillie par une main invisible…

« Je ne suis pas fou… Quelque chose habite ici… avec moi… Elle peut toucher, les gens… « Il » se nourrit d’eau et de lait… Mais je ne peux le voir… » Peu à peu, le narrateur se persuade qu’un être surnaturel et immatériel vit chez lui et se nourrit de ses provisions. Pire encore, cet être, qu’il baptise le Horla, a tout pouvoir sur lui.

Du Horla ou de l’homme, l’un des deux doit périr. Cette oeuvre comme les contes fantastiques écrits par Maupassant à la fin de sa vie, alors qu’il sombrait dans la folie, joue délicieusement avec les nerfs des lecteurs en traitant de thèmes très actuels comme l’angoisse, la hantise du suicide, la peur de l’invisible.

Fasciné par la littérature fantastique du XIXe siècle, Guillaume Sorel adapte « Le Horla », célèbre nouvelle de Guy de Maupassant. Profondément marqué par cette lecture de jeunesse, l’auteur réussit à merveille à adapter un journal intime en BD. La solitude et la folie sont des thèmes qu’il affectionne et parvient à mettre en image avec un certain talent.

Guillaume Sorel offre une nouvelle lecture d’une des premières œuvres fantastiques (écrite en 1886). Il propose une adaptation fidèle et plutôt lumineuse. Par ses dessins, il parvient à rendre la tension psychologique du personnage et à « donner vie » au Horla. Les planches qui illustrent les nuits sont tout simplement magnifiques.

Le Horla, de Guillaume Sorel, d’après l’oeuvre de Guy de Maupassant, éd. Rue de Sèvres, 64 p., 15 euros. Dès 14 ans