A l’occasion du Printemps des poètes, les éditions Rue du Monde proposent cette anthologie à l’intention des enfants, composée de 50 textes inédits signés d’écrivains contemporains.
Inégalités, droits bafoués, violences, notamment à Paris début janvier 2015. Des poètes contemporains réagissent. Leurs mots dénoncent, aident à appréhender l’indicible, mais libèrent aussi une formidable énergie du changement. Ces poètes sont des porteurs d’espoir et aident à faire germer des résistances.
Cette nouvelle anthologie des éditions Rue du monde, la quinzième de ce genre, offre 50 textes, tous inédits, d’auteurs vivants, qui vont dans ce sens, en s’interrogeant, provocant, protestant, ironisant, imaginant un monde nouveau, dont chacun des lecteurs espère l’avènement.
Une petite vignette en ombre chinoise rythme le livre : un enfant perché debout sur un crocodile, qui symbolise le vieux monde. Ensemble, ils se promènent de page en page, glissant dans l’album quelques chiffres ou faits réels qui alertent les consciences et font réagir les auteurs. Le tout soutenu par le trait coloré d’Aurélia Fronty.
Et les thèmes les plus durs ne sont pas oubliés comme les attentats de Paris du début d’année : les poètes ont eux aussi voulu lever leurs crayons pour s’exprimer en confrontant obscurantisme et espérance. Plus que jamais la poésie peut aider chacun à prendre de la hauteur pour réfléchir et avancer.
Je rêve le monde, assis sur un vieux crocodile : 50 poèmes d’aujourd’hui pour repenser demain, illustré par Aurélia Fronty, éd. Rue du monde, 56 p., 18 euros. Dès 9 ans
J’atteste qu’il n’y a d’Être humain
que Celui dont le cœur tremble d’amour
pour tous ses frères en humanité
Celui qui désire ardemment
plus pour eux que pour lui-même
liberté, paix, dignité
Celui qui considère que la Vie
est encore plus sacrée
que ses croyances et ses divinités
J’atteste qu’il n’y a d’Être humain
que Celui qui combat sans relâche la Haine
en lui et autour de lui
Celui qui dès qu’il ouvre les yeux au matin
se pose la question :
Que vais-je faire aujourd’hui pour ne pas perdre
ma qualité et ma fierté
d’être homme ?Abdellatif Laâbi, 10 janvier 2015