Sous le choc des attentats du 13 novembre 2015 à Paris, Gilles Rochier s’offre une trompette. Une évasion comme une autre, mais bruyante. Il raconte cette expérience dans sa nouvelle BD. Un album original.
« C’était vendredi soir. Avec Kader, on regardait le match de foot à la télé. A la première explosion, j’ai trouvé ça bizarre… A la deuxième, j’ai compris qu’il se passait quelque chose… Et après, je suis allé voir sur Twitter. » Voici les premiers mots de cet album qui résument ce que beaucoup ont vécu ce soir-là de novembre 2015.
Après les événements, l’instrument devient son unique moyen d’expression. Il ne parle plus; Il souffle sans vraiment jouer, il ne fait pas de la musique mais plutôt des sons qui agacent, notamment ses proches, questionnent son entourage, à commencer par Kader, son ami de toujours…
Le lecteur découvre les réactions de deux observateurs, habitants du quartier, aux notes qui s’échappent du toit de l’immeuble. L’homme es-il devenu fou à ainsi souffler dans cet instrument ? « Tu vas voir ça va nous faire des ennuis. Comme Charlie. Pire même. (…) pour nous les Arabes. »
Dans la veine auto-fictionnelle de certains de ses précédents livres (TMLP, La Petite couronne, En roue libre), Gilles Rochier témoigne d’un abattement, d’une sidération que nous avons tous en partage : que dire, que faire, et comment réagir, après un événement aussi saisissant qu’un attentat ?
La réponse de ce livre, d’une radicalité en apparence absurde, est donnée par un auteur à part de la bande dessinée contemporaine. Une idée pour le moins originale et un album qui l’est donc tout autant. Une histoire touchante qui revient sur les conséquences des attentats de Paris.
Solo, de Gilles Rochier, éd. Casterman, 88 p., 17 euros. Dès 14 ans