Ce roman graphique sans filtre raconte l’histoire de la passion entre Simone de Beauvoir et Nelson Algren. Elle plutôt aventureuse et sensuelle, lui, coléreux et accroché à Chicago sans envie d’ailleurs.
Février 1947, Simone de Beauvoir parcourt les États-Unis répondant à l’invitation de plusieurs universités. La grande intellectuelle arrive à Chicago, où elle est accueillie par le consul. Elle est ravie de pouvoir enfin se reposer dans sa chambre d’hôtel. C’est alors qu’elle repense au papier au fond de son sac.
Dessus, le numéro de téléphone d’un écrivain américain confié par une connaissance commune, Nelson Algren. Elle décide de l’appeler. Elle essaie plusieurs fois, mais son correspondant lui raccroche au nez, affirmant qu’elle a fait un faux numéro. Elle finit enfin par lui parler et lui explique qu’elle cherche un bon ami avec qui boire un verre.
Algren lui sert de guide et s’amuse à l’entraîner dans les bas-fonds de la ville. De club en club, leur première nuit est endiablée, la passion immédiate, l’aventure torride. Cet amour transatlantique dure jusqu’en 1964. Période pendant laquelle Simone écrit Le deuxième sexe et Nelson L’homme au bras d’or, leurs oeuvres majeures.
Mais la passion s’essouffle : Nelson est jaloux de Sartre qui rappelle sans cesse sa bien-aimée « frenchie » à Paris. Simone, elle, est indépendante et préfère poursuivre sa carrière et sa vie avec Sartre. Ils vivent chacun sur un continent et s’aiment. Le lecteur suit leur relation au fil des lettres qu’ils s’écrivent, mais aussi de leurs retrouvailles.
Les illustrations sont sans filtre mais sensuelles. Cet album montre une Simone de Beauvoir libre. Si de nombreux ouvrages ont évoqué la talentueuse écrivain, peu ont évoqué cette passion à la fois amoureuse et artistique. La plume d’Ingrid Chabbert et les dessins d’Anne-Perrine Couët offrent un roman graphique marquant.
Les matins doux, d’Ingrid Chabbert, illustré par Anne-Perrine Couët, éd. Steinkis, 128 p., 20 euros. Dès 16 ans