En 2025, c’est la commémoration des 80 ans de la libération des camps. À l’heure où une partie de l’Europe est malmenée, où les voix des rescapés s’éteignent, transmettre leur parole aux jeunes générations est une priorité. Le devoir de mémoire est plus que jamais utile : 31 rescapés de la déportation témoignent auprès de jeunes.

Plus de trente survivants, nés en Allemagne, Pologne, Hongrie, Ukraine, Slovaquie, République tchèque, Roumanie, Italie, Slovénie, Croatie, France, Belgique, Pays-Bas, Grèce, racontent avec des mots simples ce qu’ils ont vécu à des jeunes du même âge que le leur à l’époque de leur déportation.
L’ouvrage, illuminé des photographies de ces rencontres bouleversantes, est enrichi d’un cahier pédagogique élaboré par le Mémorial de la Shoah pour mieux prendre la mesure des paroles recueillies et percevoir les différentes formes de l’entreprise génocidaire nazie sur notre continent.
Les récits, intimes et universels, se croisent, se répondent. Ensemble, ils racontent autrement l’Histoire, lui redonnent chair, confrontent le passé au présent, tout comme les photographies, qui font naître une émotion qui imprègne durablement le lecteur. Pendant un an et demi, Karine Sicard Bouvatier est allée à la rencontre de ces témoins.
Tatiana se livre à Madeleine, 6 ans, l’âge auquel Tatiana a été déportée avec sa soeur, Andra. « Un jour, Tatiana et Andra sont prévenues par une Blockova (prisonnière chargée de surveiller un baraquement) qu’on va proposer aux enfants de revoir leur maman et qu’il faut refuser. Les fillettes suivent l’avertissement... »
Leur cousin, lui, ne peut résister au désir de revoir sa mère et part avec un groupe. Ces vingt enfants seront assassinés après avoir subi des expériences médicales. Après la Libération, les fillettes retrouveront leurs parents en Italie, en décembre 1946, après avoir vécu dans un orphelinat en Angleterre.
Ce projet européen, intergénérationnel et interculturel, qui se déploie aussi dans l’exposition « Déportés, j’avais ton âge : une histoire européenne », participe du devoir de mémoire, d’une mémoire partagée. Il engage à lutter contre l’oubli des faits et des souffrances, mais aussi à réfléchir à ce qui fait la valeur de toute vie
Josef, Edith, Dusan et les autres partagent donc leurs histoires avec des jeunes. L’idée est qu’en devenant des passeurs de mémoire et des citoyens éclairés, ces jeunes ne laissent plus jamais une idéologie déshumanisante gagner le pouvoir. 80 ans après la Shoah, la transmission à la jeune génération est plus que jamais essentielle.
J’avais 13 ans à Auschwitz, éd. La Martinière jeunesse, 240 p., 14,90 euros. Dès 10 ans