De 1976 à 1983, la dictature militaire qui régit l’Argentine fait disparaître près de 30.000 opposants politiques. Parmi eux, des jeunes femmes enceintes auxquelles leurs enfants seront arrachés à la naissance. Depuis 1977, leurs grands-mères recherchent ces 500 bébés volés…
En Argentine, de 1976 à 1983, sous la dictature militaire, 500 bébés ont été arrachés à leurs mères pour être placés dans des familles plus ou moins proches du régime. Plusieurs années après cette tragédie, les grands-mères de ces enfants ne cessent de se battre pour les retrouver.
Interpellé par ce drame largement médiatisé, Mario, un jeune homme de 20 ans qui s’interroge sur sa filiation décide d’aller à la rencontre de ces grands-mères accompagné de son ami Santiago et décide de faire un test ADN. Les résultats bouleverseront les vies des deux jeunes gens et de leur entourage.
À travers leur quête, on s’interroge sur l’identité, la filiation, la capacité de chacun à se confronter à ses propres bourreaux, à surmonter une trahison et parvenir à envisager un nouvel avenir. Matz éclabousse de son talent cet album. Il démonte le système tout en y apportant une part de fiction romanesque qui ajoute une touche d’émotion et d’espoir.
L’auteur pose aussi les bonnes questions et garde, comme à son habitude, une part de suspense au récit. Il montre bien le rôle de celles que l’on a surnommé les folles par le régime, et grâce à qui 125 enfants ont été retrouvés. Quant aux illustrations sensibles et justes, elles permettent de ressentir les émotions des personnages, au plus près.
Vies volées, de Matz, illustré par Mayalen Goust, éd. Rue de Sèvres, 80 p., 15 euros. Dès 14 ans