« Le Sentier des reines » raconte le périple de deux veuves qui tentent de s’émanciper dans une France meurtrie par la guerre.
Savoie 1919. Blanca et Pauline ont attendu toute la guerre le retour de leurs hommes. Lorsqu’ils rentrent enfin, miraculeusement sains et saufs, c’est pour périr aussitôt dans une avalanche. C’en est trop, elles décident de quitter leur montagne, emportant avec elles Florentin, un orphelin de 11 ans.
Commence alors une grande aventure, et, à travers elle, une véritable interrogation de la condition des femmes dans cette époque charnière des années 1920. Le chemin sera initiatique, de manière totale et profonde. Le parcours, lui, aura des résonances sociales, politiques, spirituelles et humaines.
Une errance dans la neige qui les mène jusqu’à la désagréable rencontre avec Arpin, un ancien poilu, ivrogne. Ce dernier avait rendez-vous avec le mari de Pauline, pour une histoire de montre en or volée à un cadavre. Les deux femmes vont avoir bien du mal à semer cet homme détruit par la guerre. Mais en ont-elles envie ?
« Le Sentier des reines » propose une succession de rencontres, le plus souvent décevantes pour les deux femmes. dans un périple qui va les mener jusqu’en Normandie. Mais, au final, ce pays, touché dans sa chair, dont les habitants sont des survivants aigris et égoïstes, n’a plus grand-chose à offrir, à leur offrir.
Les visages sont superbement ciselés, les intérieurs des maisons et les montagnes balayées par les vents sont détaillés à merveille. Ces deux femmes, perdues dans un monde qui semble totalement sans espoir, deviennent des reines. Un hypnotisant road movie aventureux dans une France post première guerre mondiale.
Le Sentier des reines, d’Anthony Pastor, éd. Casterman, 120 p., 20 euros. Dès 14 ans