Les auteurs retracent un scandale qui a déchiré l’Amérique et qui garde une résonance avec l’époque actuelle : l’hystérie de la presse, la situation sociale explosive, la violence…
Le récit débute en 1982 : Alonzo Mann est un vieil homme qui sent sa fin venir. Et comme s’il voulait soulager sa conscience, il décide de témoigner à nouveau sur une affaire qui a déchiré l’Amérique en 1913. Celle d’une possible erreur judiciaire et du lynchage d’un homme : Leo Frank.
1913, Atlanta. Le corps de Mary Phagan, 14 ans à peine, est retrouvé dans l’usine dans laquelle elle travaillait. Elle a été étranglée, alors qu’elle était venue chercher sa paie. Près d’elle deux bouts de papier sur lesquels, agonisante, elle aurait écrit que son violeur et assassin est un homme noir.
La police identifie rapidement deux suspects : Leo Frank, le patron de l’usine qui est le dernier à l’avoir vue vivante et Jim Conley, balayeur, noir, surpris en train de laver une chemise tachée de sang… Qui du jeune et riche patron juif venu de Boston ou du pauvre employé noir illettré sera inculpé ?
Rapidement, Jim est innocenté : il n’aurait jamais été capable d’une telle violence. Certains tranchent : Leo Franck, que des employées accusent de harcèlement sexuel, est pendu haut et court. Pourquoi une telle haine contre lui ? Est-ce parce qu’il est juif ? La presse, très puissante à l’époque, a eu son rôle à jouer.
Ce récit tout est basé sur des faits réels. L’affaire, l’emballement des journalistes (usant de rumeurs et autres mensonges), les mots, terribles, prononcés au procès, le témoignage, au crépuscule de sa vie d’Alonzo Mann… Tous ces éléments font de cette BD un indispensable à lire !
Via ce récit, les auteurs de « Ils ont tué Leo Franck » ont voulu raconter ce fait divers qui a secoué l’Amérique. La foule réclamait un coupable : elle l’a eue ! Un scandale qui malheureusement résonne aujourd’hui : la situation sociale explosive, les inégalités sociales, la misère, la violence et l’hystérie des journalistes prêts à tout pour un scoop !
Ils ont tué Leo Franck, de Xavier Betaucourt, illustré par Olivier Perret, éd. Steinkis, 112 p., 18 euros. Dès 14 ans