Chamboulée dans sa vie personnelle et professionnelle, Sabela se rend dans un village des montagnes de Galice, sur les traces d’un ami de sa famille.
Sabela, une Espagnole d’une quarantaine d’années débarque dans un village perdu à la recherche d’informations sur son grand-père émigré aux Etats-Unis. Elle espère retrouver en Galice d’anciens marins qui, comme lui à l’époque, auraient parcouru le monde pour s’enrichir. Les villageois sont plutôt hostiles…
Mais elle finit par apprendre qu’un vieil homme, Fidel, a peut-être connu son grand-père. Sabela va passer de plus en plus de temps avec celui dont la mémoire floue mélange passé et présent. Ainsi, un jour il lui raconte qu’elle a manqué les baleines qui viennent de passer à l’orée du bois…
Si Sabela cherche à mieux connaître son passé c’est sans doute pour combler le vide d’une vie personnelle sans relief. Fidel aurait peut-être connu son grand père, mais peut-être pas. Finalement, est-ce vraiment l’objet de la quête de Sabela ? Le vieux marin va bientôt bouleverser les projets de la jeune femme.
Ainsi, l’un et l’autre en viennent rapidement à s’échanger confidences et souvenirs. Leurs récits s’entremêlent. Rythmée par des visions oniriques et de nombreuses réminiscences du passé (sa fiancée Rosalia, son ami Ramon disparu dans un naufrage), la relation affectueuse et fusionnelle de Sabela et Fidel s’intensifie.
Sabela voulait découvrir une partie du passé de sa famille, elle devient l’héritière de la mémoire de Fidel. Une méditation poétique et souvent émouvante sur la mémoire. Une rencontre entre celle qui veut savoir et celui qui cherche à ne pas oublier…
Un roman graphique touchant signé Miguelanxo Prado dont le trait au pastel sublime l’album. Entre métaphores oniriques et esthétisme délicat, Ardalen est un ouvrage magnifique. Le lecteur suivra sans peine l’histoire et sera bercé au rythme de l’ardalen, ce vent qui souffle de la mer vers la terre.
Ardalén vent de mémoire, de Miguelanxo Prado, éd. Casterman, 258 p., 24 euros. Dès 10 ans