Marie Spénale livre un album qui raconte l’aventure à la fois introspective et sensorielle d’une Robinson Crusoé au féminin.
Partie en croisière avec Alain, son mari de longue date, Annie se réveille sur une île déserte après un violent naufrage. Malgré ses peurs, elle survit comme elle peut, seule dans la nature. Face à elle-même, elle commence à questionner le rôle qu’elle s’est assigné dans sa propre vie, et celui qu’elle a laissé son mari jouer.
Si elle s’en sort indemne physiquement, son esprit semble bien touché, mais pas par ce naufrage. Elle se pose de nombreuses questions sur sa vie « passée » et sur son couple à l’aune d’un avenir inconnu. Elle parle à son mari, tente de lui écrire, mais n’y parvient pas. En revanche cela l’aide à réaliser qu’elle étouffe dans son quotidien.
Qui est-elle vraiment, de quoi a-t-elle vraiment envie ? La rencontre inattendue avec un indigène va accentuer sa découverte d’elle-même et lui permettre de réinventer son désir et de vivre enfin. Elle se confie à ce mystérieux jeune homme qui, lui, reste muet. Elle hésite, puis finalement se dit : « Qui voudrait de la réalité ? »
Celui qu’elle croit être un autochtone et qui est bien plus jeune va lui permettre de se redécouvrir. Grâce à cette relation intime, loin des conventions sociales, Annie s’offre l’opportunité d’envisager, pour la première fois de son existence, de vivre complètement pour elle. Un album touchant joliment illustré.
Il y a longtemps que je t’aime, de Marie Spénale, éd. Casterman, 128 p., 24 euros. Dès 16 ans