Quand les lettres se présentent dans de jolis portraits

Chaque texte de cet abécédaire semble donner corps et âme aux lettres pour donner au final un alphabet poétique.

Voici un abécédaire. Encore ? Celui-ci est hors norme. Bernard Friot réussit le pari d’éviter toute lassitude. En effet, il joue tour à tour sur de multiples aspects : forme de la lettre, sonorité, place dans l’alphabet. Les textes proposés s’amusent avec tous les registres (comique, tragique, absurde…) et tous les genres.

Certains sont des poèmes en prose, d’autres de petits drames ou des dialogues théâtraux. Chaque lettre s’affirme comme un personnage à part entière :
Ainsi, le A joue de son statut de premier pour se prendre pour le chef : « Au commencement il est là, le A. Aussitôt il prend le commandement […] »

Et le P en impose : « On dirait une pancarte, un poteau, un panneau, planté là, en plein champ. Pour dire quoi ? Pour dire : « Pas touche ! N’approchez pas, passez votre chemin, petits galopins, sinon gare à vos popotins ! » Non mais, pour qui il se prend, ce pantin prétentieux ? […] »

V est paradoxal : il peut désigner soit victoire soit vaincus… X, lui, est adjectif : « Inconnu. Anonyme. Mystérieux. Monsieur X. Nul ne connaît son identité. Pas étonnant il est né sous X. Inconnu. Anonyme. Dangereux. Monsieur X. C’est l’espion alphabétique. Attention, il passe les mots aux rayons X.

Un magnifique ouvrage illustré comme un dictionnaire d’antan, qui doit trôner dans un maximum de bibliothèques : un sublime trésor pour tous les enfants, notamment les apprentis poètes qui adorent jouer avec la langue de Molière. Avec tous ces jolis textes, ils vont se régaler. Car ici, on joue avec les mots : l’imagination est à l’honneur ! FIN

A la lettre, de Bernard Friot, illustré par Jean-François Martin, éd. Milan, 64 p., 18 euros. Dès 5 ans

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