Quand une oeuvre incontournable prend vie en BD…

La mangaka Kan Takahama a décidé d’adapter L’Amant de Marguerite Duras. Un pari risqué, mais réussi ! Les illustrations de cette autofiction sont magnifiques et retransmettent à merveille l’ambiance de l’époque et les sentiments des protagonistes : amour, désir, jalousie…

L'Amant

Kan Takahama adapte une oeuvre incontournable de la littérature française, L’amant de Marguerite Duras, Prix Goncourt 1984. Elle explique : « L’écriture de Duras (…) laisse la possibilité au lecteur, au dessinateur, de se projeter entre les mots, entre les lignes. Dessiner la narratrice-héroïne la rend visible aux yeux du lecteur. »

La narratrice, c’est l’auteure elle-même. A Paris, en 1982, Marguerite Duras, est une femme vieille au visage marqué et comme elle le dit « ravagé par l’alcool ». Un homme l’arrête et lui dit qu’il a lu tous ses livres. Il poursuit expliquant que si tout le monde la trouvait belle jeune, lui trouve son visage plus beau aujourd’hui.

Duras rentre chez elle et repense à sa vie : ses mariages, les divorces, l’alcool… Elle se revoit alors, à 15 ans, traversant le Mékong pour aller dans une pension d’Etat à Saïgon. Elle est pauvre et vit en Indochine avec sa mère, veuve, et ses deux frères. Elle est pensionnaire dans un lycée pour étudier les mathématiques.

Mais elle ne rêve que de devenir écrivain. Sur le bac qui traverse le fleuve séparant son lycée de sa pension, elle fait la connaissance d’un riche Chinois. Ils tombent immédiatement amoureux et s’engagent dans une relation régie par l’amour et l’argent qui durera un an et demi.

Ils se voient régulièrement et ce premier amour fort mais ambigu impose à la jeune fille de faire face à la honte, la peur, la jalousie, et de parvenir à trouver sa place au sein d’une famille où il est difficile de s’affirmer. Une expérience douloureuse qui la marquera toute sa vie et fera d’elle ce qu’elle est.

Une adaptation réussie, où la sensualité de l’histoire apparaît de page en page. Kan Takahama parvient à restituer l’ambiance de l’Indochine des années 1930, grâce à des couleurs jaunies. Les tons et les lumières plongent le lecteur dans cette atmosphère particulière…

L’auteur raconte : « Si cette histoire correspond à une époque passée et que le poids de la famille et des traditions ne sont plus les mêmes aujourd’hui, les sentiments éprouvés, les questions de liberté, de relation à la mère et les choix de vie pour une jeune fille restent identiques, même au XXIe siècle. »

L’amant, d’après le roman de Marguerite Duras, de Kan Takahama, éd. Rue de Sèvres, 152 p., 18 euros. Dès 16 ans

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