A l’occasion des 70 ans de la libération de ces camps, voici un livre aux témoignages exceptionnels pour expliquer aux adolescents comment ces personnes ont vécu et survécu à l’Holocauste.
Voici la présentation de l’éditeur : « Trois personnes ont accepté de raconter comment elles ont survécu à l’Holocauste. Elles ont chacune vécu des expériences différentes, camp d’extermination, camp de travail et ghetto, mais toutes trois disent leurs souffrances et leur appétit de vivre avec la même intensité, la même dignité, le même apaisement. »
Le premier témoin de Véronique Guillaud est Simone Lagrange, déportée à Auschwitz : « Ma vraie revanche, c’est de continuer à parler, alors que les nazis ont tout fait pour me faire taire. » Elle raconte comment tout bascule en 1942 : le mot « Juif » tamponné sur leurs papiers d’identité français, l’étoile jaune et les brimades de l’institutrice.
Puis, elle a 14 ans quand le 6 juin 1944 les alliés débarquent. « Hélas pour nous ce jour de joie se transforme en jour d’horreur. » Ils sont dénoncés par la jeune fille qu’ils ont recueillie. Ils sont conduits au siège de la Gestapo à Lyon et sont séparés. Sa mère et elle font la connaissance de Klaus Barbie : celui-ci la frappe pour savoir où sont ses frère et sœur.
Et « le boucher de Lyon » va insister… pendant sept jours. Le 23 juin, elles sont envoyées dans le camp de Drancy. Le 30 juin, elles prennent place dans un train : ils sont environ 120 dans ce wagon. Au bout de cinq jours, le train s’arrête à Birkenau. « Nous découvrons un monde bizarre : des gens en pyjama rayés gris et bleu, maigres, les yeux vides. »
Elles se déshabillent, enlèvent leurs bijoux, se font raser le crâne, enfin on leur tatoue un numéro sur le bras : « Je deviens le « A 8624 ». Le soir venu, une épaisse fumée se répand et un kapo leur dit : « Vous êtes entrées par la porte, vous ne sortirez que par la cheminée. » Puis, sa mère est envoyée à la chambre à gaz…
« Maman a été gazée le 23 août 1944, le jour où Paris se libérait. » Simone évoque aussi le docteur Mengele qui se livre à des manipulations génétiques et inocule la tuberculose à des enfants. Il choisit qui doit vivre ou mourir. Elle échappe à la chambre à gaz le jour de ses 14 ans en répondant au SS et en lui résistant. Elle quitte le camp peu de temps après.
Le 19 janvier 1945, elle croise son père. Au moment où elle va le prendre dans ses bras, un SS s’approche et le tue d’une balle dans la tête. Elle réussit à survivre en se cachant avec son amie Jacqueline. Elle retrouvera ses frère et sœur, se mariera et aura sept enfants. On lui avait dit le contraire… « Je crois que c’est un peu ma revanche sur la vie. »
Cristina Szenberg, elle, est une rescapée du ghetto de Varsovie : « Mes blessures restent inscrites dans ma chair et dans ma tête. Cependant, je n’ai jamais enseigné à mes enfants la haine des Allemands, ni de personne. » Enfin, André Migdal est déporté à Neuengamme : « Toute ma vie je témoignerai (…) pour qu’une telle horreur ne se reproduise pas. »
Un ouvrage terriblement poignant qui aidera les jeunes lecteurs à comprendre. Ces survivants ne sont pas des personnages de film : ils existent et sont les témoins de cette barbarie. Un dossier clôt ce livre et raconte toutes les étapes qui ont conduit à la déportation et enfin les procès des bourreaux. A lire pour ne jamais oublier !
J’ai vécu les camps de concentration, de Véronique Guillaud, éd. Bayard, 96 p., 11,90 euros. Dès 12 ans
À lire…