Les socquettes blanches et les Chats crevés sont deux clans d’enfants qui se détestent. Ils vont s’allier pour la bonne cause…
Voici l’histoire de deux bandes rivales. D’un côté, les « Socquettes blanches », un clan de petites filles modèles, de l’autre les « Chats crevés » composé de mauvais garçons. Petit détail non négligeable, les filles s’appellent toutes Thérèse. Petite jupe, serre-tête et prière avec M. le curé contre doigts dans le nez, chasse aux rats et gros mots.
Les Socquettes blanches occupent la cabane près du presbytère, tandis que les Chats crevés errent sur le terrain vague. Ils se détestent et s’évitent. Un jour, la plus petite des Thérèse reçoit un œuf pourri sur la tête, de la part d’un des garçons (il y a bien une fille, mais comme le dit Thérèse : « elle s’appelle Dominique« …) des « Chats crevés ».
Dans les deux clans, c’est décidé : la guerre est déclarée ! Mais, un événement va venir gâcher les plans des deux chefs, Thérèse et Tatave. Un promoteur immobilier a décidé de construire un immeuble de huit étages sur le terrain vague… et les travaux commencent le lendemain. Ils doivent tous quitter les lieux. La résistance s’organise alors.
Tatave vient avec son frère, Pierrot, qui a tué plein d’Allemands. Il se dit que s’il a fait sauter un char, il peut bien détruire un bulldozer. Thérèse, elle, a demandé de l’aide à son « Grand-Tonton » qui lui aussi a fait la guerre. Les deux hommes décident au même moment d’appeler le président. Lorsqu’ils se retrouvent, ils se tombent dans les bras…
L’explication est simple. Chez Tatave, ils sont onze enfants. Une tradition fantaisiste veut que le onzième enfant d’une famille ait pour parrain Charles de Gaulle. La conclusion est tout aussi simple, Pierrot veut donc prévenir le parrain de son frère… Pendant ce temps, une trêve est décidée entre les deux clans qui s’allient pour retarder les bulldozers.
Une histoire à l’humour communicatif. Un album qui fleure bon l’après-guerre et séduira ainsi petits et grands. Il est divisé en double-page avec une illustration accompagnée d’un texte qui laisse la parole à chacun des chefs de clan, égalité oblige. L’une s’exprime avec un ton soutenu, l’autre avec des expressions façon titi parisien. Le contraste est tordant.
Thérèse : « Moi je suis la chef. Je m’appelle Thérèse. D’ailleurs, c’est bien simple, nous nous appelons toutes Thérèse, sauf Ronald, qui vient d’Ecosse, mais que nous appelons aussi Thérèse pour ne pas nous tromper. » Tatave : « Moi c’est Tatave, j’suis l’chef. Et si y en a un autre qui veut être le chef, je lui mets une grosse patate dans son nez ! »
Les dessins aux traits fins apportent une touche d’humour supplémentaire. Comme lorsque l’on ne voit que le nez de De Gaulle et sa moustache dépasser de la vitre baissée de la DS. Les enfants d’aujourd’hui se feront une idée de la vie de leurs grands-parents. Un vrai coup de cœur pour cet ouvrage drôlissime.
Les socquettes blanches, de Vincent Cuvellier, illustré par Alexandra Pichard, éd. Gallimard jeunesse, collection Giboulées, 36 p., 14,50 euros. Dès 9 ans