Vertigéo est un album coup de poing, de ceux dont on a du mal à se remettre. Il s’agit d’une métaphore brutale de la société du travail qui asservit les masses.

« Un cataclysme. Un immense nuage noir. Plus de soleil. Plus de vie. L’humanité frôla l’extinction. » Avec ces premiers mots et des illustrations en noir et blanc assez glauques, le décor est planté. Les derniers hommes se spécialisent dans des métiers divers et plantent sur le sol carbonisé les fondations de la première tour.

Malgré les tempêtes de cendres, la perte d’hommes, les attaques de voraces, la poussée débute. « Seule compte la poussée ! Ces mètres que nous arrachons au vent et à l’attraction terrestre ! » Des siècles se sont écoulés et les tours poussent toujours vers le ciel, consommant hommes et matériaux à un rythme effréné.

Lorsque le Chambellan n’est pas satisfait, il punit et des hommes sont tués. De page en page, on découvre que les conditions de vie sont terribles pour les survivants. Et elles le sont depuis qu’ils sont nés. Mais ils peuvent se considérés « chanceux ». Certains bébés ont été jugés inaptes et on s’en est débarrassé…

Mais lorsqu’une ingénieure en fuite croise la route d’Ugo, l’un des protagonistes de l’histoire, tout bascule. Le contremaître comprend qu’on lui a menti. Ses croyances explosent et il n’a plus, dès lors, qu’un seul but : découvrir l’effroyable vérité sur Vertigéo. Une fin qui fait réfléchir et ne laisse pas de marbre…

Vertigéo, d’Emmanuel Delporte et Lloyd Chéry, illustré par Amaury Bündgen, éd. Casterman, 136 p., 22 euros. Dès 14 ans