L’homme qui assassinait sa vie est un album qui, dès la couverture, a le goût du sang. Une BD adaptée d’un roman de Jean Vautrin et signée Emmanuel Moynot. 

Voici un album aux nombreux personnages. Le premier, François-Frédéric Frey, dit F.F.F. est un escroc. Il sort de prison après trois ans d’incarcération pour abus de biens sociaux et fausses factures. C’est l’heure de la vengeance. Non loin de là, dans son bureau, Gus Carape, détective privé, s’ennuie et réfléchit à un moyen de payer son loyer…

En effet, depuis quelques temps, il est incapable de résoudre une quelconque affaire expliquant la désaffection de la clientèle dans les bureaux de son Agence Spector. Le commissaire Kowalski lui aussi essaie d’accomplir quelque chose dans sa vie, en surveillant les entrepôts Moralès. Ces trois vies se croisent sur l’autoroute…

Au programme : un cadavre dans le coffre, un chien errant, des illégaux dans un camion, une course-poursuite plus bête que méchante et un autiste embarqué malencontreusement dans un car de touristes japonais que sa mère, communiste espagnole convaincue, recherche ardemment… Quel sac de noeuds !

Cette ambiance fait penser aux films des années 1970 portés par les Delon et autre Belmondo. Les protagonistes ont tous des caractères trempés et confortent des clichés : les flics ne pensent qu’à la reconnaissance, le communisme n’est plus, les politiciens sont véreux, les femmes pulpeuses et les bandits bêtes comme leurs pieds.

Un récit violent et drôle à la fois. Trois destins qui partagent un certain sens de la poisse voire du désespoir. Emmanuel Moynot est dans son élément, le polar, un style qu’il maîtrise. En adaptant un roman de Jean Vautrin publié en 2001, il signe un récit graphique haut en couleurs. Une BD noire à conseiller à un lectorat averti.

L’homme qui assassinait sa vie, de Emmanuel Moynot, adapté d’un roman de Jean Vautrin, éd. Casterman, 112 p., 18 euros. Dès 14 ans