Quand le noir et le blanc ne se mélangeaient pas

Un roman qui s’inspire de fait réels qui ont eu lieu dans l’Amérique ségrégationniste des années 50. Molly, une étudiante noire, va intégrer un lycée réservé aux Blancs. Un récit bouleversant qui met en scène des adolescents confrontés au racisme et à la haine.

Ce roman est basé sur une histoire vraie. En 1957, dans l’Etat de l’Arkansas, ségrégationniste, neuf étudiants noirs ont été intégrés dans un lycée réservé aux Blancs. Le lecteur va suivre Molly, une jeune fille noire de 15 ans confrontée aux insultes et agressions quotidiennes, et Grace, qui va petit à petit rejeter les idées de ses amis blancs.

Molly a accepté d’intégrer le lycée sans vraiment penser aux conséquences et ne réalise surtout pas la portée de son geste. Quand, un matin, elle sort acheter un litre de lait, elle croise un vieux monsieur qui tente de l’en dissuader. Puis, le vendeur ne veut pas la servir. Ça, elle en a l’habitude, mais elle n’imagine pas ce qu’elle va endurer.

Elle réalise en prenant son petit déjeuner quand elle voit les raisins secs au milieu des flocons d’avoine : 9 Noirs au milieu de 2500 Blancs… Puis, elle ajoute des raisins et dit : « Pourtant, plus il y en a et meilleur c’est, n’est-ce pas? » Le gouverneur décide de son côté de déployer les forces de l’ordre pour empêcher les étudiants noirs d’intégrer le lycée.

Les menaces et insultes se multiplient chez Molly au téléphone d’abord, puis une croix du Ku Klux Klan est plantée dans leur jardin. Alors que la situation semble irréversible, le juge statue en faveur de l’intégration. Le jour de l’intégration, le comité d’accueil est plus qu’hostile et les étudiants noirs sont obligés de renoncer, pour leur sécurité.

Puis, l’intégration a finalement lieu. Alors que Molly entre en classe, un jeune homme se lève et sort. Ce n’est qu’un début. Molly se sent comme un cafard dans un évier car elle fait face à une vague de violence : on lui jette une règle en fer, elle se fait poursuivre… Une fille de sa classe lui renverse de l’encre sur la tête et se fait applaudir par les autres.

Page après page, si Molly connaît la haine et la violence, elle reste droite au cœur de la tempête. Grace quant à elle commence à trouver que les réactions des autres sont exagérées et prend conscience que certaines des « valeurs » de ses proches, notamment celles de son amie Brook, sont révoltantes.

Le livre montre que grâce au courage de certains précurseurs la voie peut être ouverte à l’égalité. Si le roman pointe du doigt la cruauté de certains Blancs, il met aussi l’accent sur l’ouverture d’esprit d’autres qui œuvreront à la lutte des droits civiques. Une histoire dépeinte avec réalisme et beaucoup de sensibilité.

Les lecteurs d’aujourd’hui réaliseront que ces faits font partie de l’histoire récente puisqu’ils ont eu lieu il y a à peine soixante ans et que ce sont des jeunes comme eux qui ont fait avancer les mentalités. Une plongée bouleversante dans l’Amérique ségrégationniste des années 50 qui montre que tout n’est pas tout noir ou tout blanc !

Sweet sixteen, de Annelise Heurtier, éd. Casterman, 223 p., 12 euros. Dès 13 ans

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