Quand le roi du football a sa première biographie

Edson Arantes do Nascimento, dit Pelé, est mort le 29 décembre 2022, quelques jours seulement après la Coupe du monde de football. Cet ouvrage raconte sa vie, sur et en dehors des terrains. Une biographie intime riche d’anecdotes du roi.

Il était le Roi, le football en personne. Aucun autre n’atteindra les mêmes sommets de popularité que le gamin de Tres Coraçoes, la première star mondiale du football, célébré autant pour son talent supérieur que par la conjonction de l’avènement de la télévision et des prémices de la mondialisation.

Pelé, triple vainqueur de la Coupe du monde, archange du « jogo bonito« , aussi grand que les papes et les chefs d’Etat du temps de sa gloire, était un homme malade dont on ne savait finalement que peu de choses hormis ses exploits sportifs et sa vie d’ambassadeur du football auprès de la FIFA, l’UNICEF et l’UNESCO.

Pelé s’appelle Edson Arantes do Nascimento. Sa mère le surnommait « Dico ». Ses coéquipiers « Gasolina ». Pour lui, Pelé est un autre, une armure, un masque qui lui permet souvent d’évoquer sa vie à la troisième personne. Loin d’un orgueil démesuré, cet artifice lui a toujours offert un distinguo entre sa vie publique et sa vie privée. C’est aux frontières de cette dernière que le lecteur est invité à plonger.

D’un côté, la légende officielle : le couronnement mondial d’un gamin surdoué à 17 ans, descendant d’esclaves venus d’Afrique, les trois plus beaux buts en 1970, le vrai-faux 1000e but vécu comme une affaire d’état, le missionnaire du soccer aux USA, la star au sourire magnétique, l’homme qui arrêta une guerre, l’attraction du Santos FC…

De l’autre, le fils de Dondinho et Celeste. Les aventures secrètes et les divorces ; les amitiés bafouées et les déboires fiscaux ; le ministre des sports aux idéaux enterrés ; la mort de Sandra, la fille qu’il fut bien obligé de reconnaître ; les ennuis de son fils condamné pour ses liens avec le narcotrafic… Puis, enfin la vieillesse recluse au fond d’un jardin, seul, méditant sur les malheurs du monde et les trahisons de l’âge.

Ce livre est d’abord un voyage. Depuis sa petite maison au toit percé au coeur du Minas Gerais, Pelé a entamé un tour du monde des stades et des foules enamourées qui a duré une vie. Observateur des bouleversements de la planète et des défis pour l’enfance, il vit désormais à Sao Paulo, entouré de sa famille…

Non loin du stade de Vila Belmiro où flottent les acclamations qui l’accompagnèrent, du musée qui porte son nom, du restaurant où il y a peu, il dinaît encore avec Pepe, Coutinho et les Santasticos, les autres joueurs de la plus grande équipe de tous les temps à laquelle le Real Madrid de Di Stefano refusa d’accorder une revanche par peur d’être humiliée…

Pour la première fois, un livre raconte le vrai Pelé, celui qui pleure autant qu’il rit, qui aimait la musique et les femmes et qui ne cessera jamais d’être le père de tous les enfants amoureux d’un ballon. Les hommages des joueurs actuels le prouvent si besoin. Il était le roi du football : « Le roi est mort, vive le roi ! »

Pelé, de Stéphane Cohen, éd. Solar, 384 p., 19,90 euros. Dès 12 ans

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