Philippe Richelle et Frédéric Rébéna éclairent sous un angle rarement traité les années jeunesse de François Mitterrand. Passions politiques, littéraires, amoureuses : de quoi se forger le destin que l’on sait.

Personnage controversé et mystérieux s’il en est, figure incontournable de la Cinquième République, François Mitterrand n’en finit pas d’intriguer, même encore aujourd’hui. L’auteur belge Philippe Richelle propose de découvrir ses années de formation, entre 1935 et 1945 (entre ses 19 et 29 ans). Il s’explique.

« Pratiquement tous les Bleges francophones, dont je suis, sont très tournés vers la politique française (…).C’est sans doute un peu générationnel aussi (…). Ce qui fait la grandeur du personnage, et que personne ne nie aujourd’hui, je crois, c’est la suppression de la peine de mort et le rapprochement définitif avec l’Allemagne… »

L’illustrateur Frédéric Rébéna, lui, vient d’une famille plutôt de droite, giscardienne. L’élection de Mitterrand en 1981 a été vécue comme un cataclysme. Il a hésité à accepter ce projet à cause de la dimension « paralysante » du personnage : « cet homme demeure insaisissable et je continue à me sentir désorienté, en dépit de ce temps passé avec lui. »

On découvre ainsi un Mitterrand très sportif, dans les premières pages. En Belgique il joue au tennis et impressionne les observateurs qui apprennent qu’il est aussi une fine plume. Puis, il rencontre Marie-Louise, qu’il surnomme Béatrice lors d’un bal et veut qu’elle devienne sa femme, mais cette dernière n’a que 15 ans. Et la guerre éclate !

Mitterrand sera fait prisonnier, s’évadera avant de s’impliquer pour l’aide à la réinsertion des prisonniers sous le régime de Vichy. Outre ses rapports avec nombre de figures historiques telles que le maréchal Pétain, Laval ou Giraud, ce roman graphique donne à voir un leader, surtout un fin politicien en construction et un homme engagé.

Mitterrand un jeune homme de droite, de Philippe Richelle, illustré Frédéric Rébéna, éd. Rue de Sèvres, 152 p., 18 euros. Dès 13 ans