Dans cet album sensible et puissant, Amélie Cordonnier évoque la violence insoupçonnée de certaines petites phrases, petits mots devenus banals car quotidiens : « T’es bête, t’es nul, t’es mal habillée »…
Depuis toute petite, Alix cueille tout, quitte à salir sa salopette en s’agenouillant par terre : les coquillages à marée basse, les herbes que les grandes personnes disent « folles », les plumes, les cailloux, les bâtons, les fleurs sauvages… Elle sait bien qu’il faut dire ramasser pour la plupart des choses, mais elle préfère « cueillir ».
Elle s’émerveille des petites choses de la vie. Mais depuis l’arrivée d’un nouveau camarade à l’école, Alix est victime d’affreux mots. « Parfois petits, souvent gros, mais toujours vilains et idiots. » Et même si elle n’est pas forcément toujours visée, ces mots tombent à ses pieds et l’éclaboussent. Ils la peinent par ricochets.
Ils sont beaucoup trop gros à porter. Alors, elle ramasse les vilains mots dans un mouchoir blanc, et les fourre tout au fond de son sac. Ce soir, le cartable d’Alix pèse lourd. Très lourd. Et son cœur aussi. « Coeur et cartable font cent kilos. Non, une tonne plutôt. » Pourquoi les mots peuvent-ils faire si mal ?
Amélie Cordonnier évoque la violence insoupçonnée de certaines petites phrases, devenues banales car quotidiennes et qu’il est nécessaire de ne pas sous-estimer afin de se protéger d’un potentiel harcèlement. Un album intelligent pour sensibiliser les enfants sur le potentiel blessant des mots, mêmes ceux qui paraissent les plus anodins.
Alix et le pouvoir des mots, d’Amélie Cordonnier, illustré par Tiffany Cooper, éd. La Martinière jeunesse, 32 p., 14,90 euros. Dès 6 ans