Quand personne n’échappe ni à son destin ni à sa condition

Une BD noire qui narre l’époque où au Nord, « c’était les Corons ». Une plongée dans le Paris du début du XXe siècle, juste avant la guerre.

Marcel a la gueule noire de ceux qui vont au charbon. Comme son père et son frère il descend à la mine. Mais, le jour où un coup de grisou tue son père et une douzaine de ses collègues, il prend la décision d’arrêter. Il veut que Suzanne, sa petite amie l’accompagne, mais elle refuse. Pour sortir de sa condition, il fuit comme son ami Jacek avant lui et se rend à Paris.

Mais, il découvre que ce ne sont pas les boulots de forçats qui manquent. « J’ai quitté un enfer sous terre pour un autre à ciel ouvert », dit-il un brin désabusé. Ce à quoi on lui répond : « Tu es né les mains dans la boue. C’est ta condition. Il a retrouvé Jacek à « Paname ». Et avec, lui, Marcel se voile du drapeau des anarchistes. Une autre façon d’avoir la gueule noire.

Gueules noires, c’est une ode aux petits métiers du début du siècle. Cet album est noir, autant dans le fond que la forme et dépeint ainsi à merveille ce Paris du XXe siècle, disparu comme les illusions de ce personnage principal. Marcel est touchant, notamment lorsqu’il voit la capitale comme un eldorado. Mais, ce scénario terrible montre surtout une chose : personne n’échappe à sa condition. 

Gueules Noires, de d’Antoine Ozanam, illustré par Lelis, éd. Casterman, 104 p., 18 euros. Dès 14 ans

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