Une réécriture captivante de Barbe bleue, magnifiquement illustrée par la talentueuse Seng Soun Ratanavanh.
« C’était au temps où les cheminées étaient aussi larges que l’hiver était long. Dans un pays du Nord où les glaciers bordaient la mer, il était une forêt profonde où personne ne s’aventurait, à cause des dragons et des trolls. Par une nuit venteuse, à la morte saison, une sombre silhouette cheminait, en quête d’on ne sait quel trésor…«
Le sorcier à la barbe si noire qu’elle paraît bleue frappe à la porte d’une chaumière, où logeaient un bûcheron et ses trois filles. Ses trois fils étant, eux, partis à la guerre. Il frappa à la porte et demanda du pain. L’aînée des trois filles lui tend une miche. Le vieillard, qui n’est pas un, l’ensorcelle et l’emmène dans son château.
« Bienvenue au château mon trésor… Tout ce qui est à moi est à toi, tout ce que ton cœur désire, tu l’auras. » Un jour, alors qu’il part en voyage il lui remet un œuf immaculé qu’elle doit garder sans le salir ni le casser. Il lui confie aussi les clés de son palais en l’avertissant de ne pas ouvrir la porte de la petite chambre…
Qui n’a pas aimé frémir devant la figure sombre qu’on appelle tantôt Barbe bleue (Perrault), tantôt maître-sorcier (Grimm) ? Elle se voit offrir un nouvel écrin dans cette variation du conte des frères Grimm aux allures de court roman gothique : la plume de Maria Diaz s’envole, aussi ciselée qu’évocatrice.
Les magnifiques illustrations de Seng Soun Ratanavanh à l’encre et aux crayons noirs soulignées par du fuchsia mettent en valeur toute la richesse de ce conte classique revisité, où l’on retrouve le thème de la transgression, la symbolique de la clé et de l’œuf. Une lecture captivante et magnétique. Un album sublime pour frissonner.
L’Oiseau-merveille et le maître sorcier, de Maria Diaz, illustré par Seng Soun Ratanavanh, éd. La Martinière jeunesse, 64 p., 14,90 euros. Dès 10 ans