Quand un récit d’initiation picaresque est poignant

Le père d’Aldobrando, sachant son heure venue, le confie à un mage. Quelques années plus tard, grièvement blessé à l’oeil par un chat, le mage demande à son jeune protégé d’aller lui quérir l’Herbe du loup. Mais comment peut-on se débrouiller en botanique alors que l’on n’a jamais mis un pied dehors ?

Aldobrando

Aldobrando pourrait être le nom d’un royaume, comme il y en avait tant au cœur de l’Italie médiévale du XIVe et XVe siècle. Mais c’est le nom d’un enfant innocent et fragile, abandonné par son père à un alchimiste et qui grandit au fond d’une chaumière, loin de tout et isolé du monde.

Lorsque le jour est venu pour l’orphelin de quitter son foyer d’adoption, il part armé d’une épée de bois, en quête d’une mystérieuse « herbe du loup », pour soigner son maître griffé par un chat. L’aventure prend son élan et tisse au fil des rencontres un récit joyeux et grinçant au carrefour du conte initiatique et de la fable politique.

Aldobrando illustr

 

L’idée de cette histoire vient d’un jeu, Les Brutes, qui consiste à faire s’affronter des personnages dans une fosse. Autour d’Aldobrando, les cartes s’animent. Il y a le valet orphelin qui se prenait pour un seigneur, le machiavélique Gueulevice et le roi bouffon, les rebelles amoureux et la belle princesse prisonnière dans son château.

Gipi fait de nouveau montre de son humour dans ce royaume imaginaire et cruel. Avec son style moins âpre, Luigi travaille à concilier réalisme et épopée, en superposant à son dessin à l’encre de Chine, un lavis monochrome gris de Payne. Ses atmosphères contrastées et lumineuses se révèlent par l’ajout numérique de couleurs vives.

Aldobrando, de Gipi, illustré par Luigi Critone, éd. Casterman, 208 p., 23 euros. Dès 13 ans

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