Trois histoires sensibles où les fleurs symbolisent les sentiments humains. Les illustrations tout en douceur retransmettent parfaitement l’atmosphère des textes.
Un album magnifique qui allie beaux textes et illustrations dignes de tableaux de maîtres impressionnistes. Trois histoires de fleurs de trois couleurs différentes : mauve pour la tulipe, blanche pour l’œillet et rouge pour la pivoine. Toutes débutent par une citation du Langage des fleurs de G.W.Gessmann (1899) et emmènent le lecteur loin de chez lui…
Le premier récit se déroule aux Pays-Bas où la fleur mauve est une tulipe exceptionnelle créée par Erasmus Van Hum, un botaniste modeste. L’homme ne veut pas vendre son bien et cela rend certains fous de jalousie. Son invention attire les convoitises traduites par la violence. Erasmus s’enfuit avec sa Mauve loin de la cupidité et l’avidité…
L’histoire de la fleur blanche, l’œillet, symbole d’amitié, transporte le lecteur chez les Indiens d’Amérique du Nord, où deux enfants naissent la même nuit d’hiver. Si l’un, Amaropakoak est grand et dodu, l’autre en revanche, Mnutik, est bien chétif et peu croient qu’il va survivre. Tous deux vont grandir, l’un bombant le torse, l’autre les yeux baissés.
Mais, un jour ils vont affronter le terrible grizzli ensemble. Et, contrairement à ce qu’ils pensaient tous les deux, au moment où le danger leur fait face, le plus courageux est bien Mnutik. Alors que son premier réflexe est de s’enfuir, il revient pour sauver son ami blessé en affrontant l’ours en duel. Chacun gardera le secret de ce qui s’est passé…
Enfin la fleur rouge est une pivoine. Selma est une fille aussi belle que dédaigneuse. Gunnar n’a d’yeux que pour elle, mais elle se refuse à lui jusqu’au jour où elle réalise qu’elle vieillit. Elle tente alors de le retrouver pour qu’ils puissent vivre de leur amour. Elle se met alors à courir, écrasant des pivoines rouges. Mais n’est-il pas trop tard ?
Trois textes subtiles qui éclairent le lecteur sur les sentiments humains : l’amour, la convoitise, la jalousie, l’espoir… dont les fleurs sont le symbole. Les paragraphes sont séparés par une petite fleur. Et c’est là une des forces de ce livre : le lien entre l’écrit et le visuel. Un album qui apporte autant d’apaisement qu’une balade dans un pré fleuri…
Les illustrations de Joanna Concejo sont splendides et plongent l’enfant dans cet univers mêlant poésie et nature. La présentation de l’album est en hauteur, ce qui en fait un objet hors norme. Les dessins, parsemés de touches de couleurs, ont ainsi une taille à part et éclatent littéralement. A découvrir au plus vite !
Les fleurs parlent, de Jean-François Chabas, illustré par Joanna Concejo, éd. Casterman, 64 p., 16,95 euros. Dès 10 ans