Quand des jouets sont utilisés comme armes

Ce livre-choc signé Pef, vendu à plus de 6000 exemplaires, est réédité à l’occasion des 15 ans du traité d’Ottawa contre les mines antipersonnel.

Voici l’histoire d’une poupée, créée par « plusieurs » papas, derrière leurs ordinateurs. « C’était une espèce de concours de la plus belle poupée et c’est moi qui ai gagné », explique-t-elle. Son dessin est présenté à d’autres messieurs qui décident qu’il faut qu’elle existe. Elle est alors passée dans le ventre de nombreuses machines.

Enfin, un jour, elle naît. Une seule chose lui manque : des couleurs ! « Et moi-même après une autre machine, je me suis trouvée assez bien, en couleurs. » De plus, on peut l’ouvrir en deux. Elle a hâte de voir ce que l’enfant pourra bien y cacher. Elle plait tant, qu’ils en fabriquent d’autres, parfois avec des couleurs différentes.

« Un jour, on m’a mise dans une sorte de landau. Mes sœurs aussi. On était serrées et on a voyagé. Celles du dessus racontaient ce qu’elles voyaient à celles qui étaient au fond. » Arrivées à destinations, elles sont ouvertes et on leur implante « une espèce de gros cœur froid ». Désormais, un petit bouton rouge dépasse de son dos.

Elles repartent toutes dans des camions, puis en avion et enfin il y a même un voyage en hélicoptère. « Pour passer le temps, j’essayais d’imaginer à quoi pouvait ressembler mon premier enfant, celui dont j’allais vraiment devenir la poupée… » Mais, à l’arrivée, ce sont encore des hommes qui les prennent dans leurs grosses mains.

« L’homme qui me portait s’est alors arrêté. (…) Il m’a posée entre les pierres défaites d’un petit mur. Ensuite j’ai senti son doigt tirer le petit bouton rouge installé dans mon dos. » Au milieu des ruines, la jolie poupée va alors attendre des heures, jusqu’à ce qu’une petite fille s’approche : pâle, mal habillée et pas peignée du tout…

Voici les derniers mots du livre : « Maintenant, il ne reste de moi que ma tête et ma tête a honte, tellement honte. » L’auteur, Pef, explique comment ce terrible récit lui est venu à l’esprit. Un jour, il a entendu un reportage sur un pays en guerre où l’on utilisait des jouets pour y placer des bombes. Ainsi est né Une si jolie poupée.

L’histoire est racontée par le jouet lui-même ce qui la rend d’autant plus poignante car on ressent l’innocence et l’incrédulité. Même si le thème est très dur, cet album propose de l’aborder avec violence, certes, mais sans agressivité. Cela permet d’ouvrir une discussion avec les enfants sur la guerre et ce qu’elle implique. Un livre choc !

Une si jolie poupée, de Pef, éd. Gallimard jeunesse, 32 p., 13,50 euros. Dès 6 ans

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