Quand Modigliani est dépeint dans une BD

Une évocation frémissante et sensible du peintre Amedeo Modigliani, mort dans la misère au seuil de la gloire, à l’orée du XXe siècle.

Paris, 1917. En pleine guerre, dans le misérable appartement sous les toits qui lui sert d’atelier, Amedeo Modigliani, rongé par la tuberculose, s’indigne contre le monde entier, notamment les journalistes, sous les yeux de sa jeune compagne Jeanne. En dépit de ses efforts, personne ou presque n’a encore reconnu le génie de sa peinture.

Dans le même temps, ses comparses Picasso, Soutine ou Matisse flirtent déjà avec la consécration. Il faut dire que le personnage est difficile, pour ne pas dire impossible. Emporté, inconstant, volage, arrogant et de mauvaise foi, Modigliani rebute la plupart de ceux qu’il rencontre. Et ses excès de drogue et de boisson le rendent infréquentable.

Pour la famille de Jeanne, ce personnage est trop incompréhensible, incontrôlable, habité. Le père de la jeune femme l’a reniée car elle est enceinte. Et même son mécène et marchand de toiles, Zlobowski, pourtant éperdu d’admiration pour son talent, doit subir sans broncher les sarcasmes et les colères dantesques de ce possédé.

Lorsqu’il apprend qu’il va être papa, Modigliani, lui, fête ça au bar, mais s’effondre. La maladie a progressé. Jeanne et lui quittent leur vie de bohème et Paris, où les Allemands arrivent. Ils partent dans le sud où ils espèrent que le peintre se rétablira. Sa femme accouche alors que la guerre a cessé. Modigliani meurt peu de temps après…

En quelques séquences qui sont autant de fragments d’une vie d’artiste hanté, Laurent Seksik dresse un portrait bouleversant de la dernière période de la vie tragique de Modigliani. La gloire sera posthume. Et leur fille Jeanne grandira sans père ni mère puisque celle-ci ne supportera pas de vivre sans son grand amour.

Une évocation biographique poignante que le romancier, déjà auteur chez Casterman de la version bande dessinée des Derniers jours de Stefan Zweig, a également tiré de sa propre pièce de théâtre Modi, cette fois avec le concours inspiré du dessinateur Fabrice Le Hénanff.

Modigliani Prince de la bohème, de Laurent Seksik, illustré par Fabrice Le Hénanff, éd. Casterman, 42 p., 16 euros. Dès 14 ans

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