Jérémy n’est pas comme les enfants de son âge. Une seule chose l’intéresse : retrouver April March, la petite fille qui vit dans son esprit…
Une petit voix est le coup de cœur de cette fin d’été. Ce roman touchant raconte pourquoi Jérémy, 8 ans, se sent si seul. Il ne trouve sa place nulle part ni chez lui ni à l’école. Très imaginatif, il s’évade de son quotidien insipide grâce à April March, une petite fille qui vit en lui et dont il ne révèle l’existence à personne.
En parallèle, on retrouve donc le quotidien de cette aventurière intrépide qui a réussi à s’échapper de son pensionnat anglais. April comble les manques de Jérémy. Mais, petit à petit, le jeune garçon ne rêve plus que d’une chose : se rendre à Londres pour rejoindre April, la seule, selon lui, qui le comprend vraiment, son unique amie.
« Assis sur le muret, à son poste de contrôle, dans la cour de l’école, Jérémy observait le spectacle. Les uns dévalaient le toboggan, les autres jouaient avec une balle qui passerait inévitablement par-dessus le grillage. (…) Un jour, ils seraient tous morts, se dit Jérémy. Ombres en cavale. Disparus potentiels. Promis à l’oubli. »
Le comportement de Jérémy suscite l’incompréhension et l’inquiétude de son entourage. Sa mère l’envoie chez un psy, son père, obnubilé par son travail, n’accorde que peu de temps à sa famille (un week-end à la campagne ne permet qu’un bref répit). Et Flore, sa sœur, en a marre que la vie de la famille ne tourne qu’autour de lui.
L’auteur réussit à merveille à partager les émotions de Jérémy. Ainsi, lorsque ses parents reçoivent à dîner, il n’a pas envie d’être parmi tout ce monde et de jouer avec les autres enfants. Lui, veut s’évader avec April… Mais, on ressent aussi le désarroi de la mère qui se retrouve à faire face à un comportement qu’elle ne comprend pas.
Et si dans une société formatée, rêver était une maladie ? On retrouve avec bonheur la plume élégante de Patrick Olivier Meyer. Cette fois, il s’adresse à de jeunes lecteurs et leur offre un personnage attachant. On plonge avec délectation dans cette histoire originale et on jalouse ce héros sensible à l’imagination foisonnante.
Une petite voix, de Patrick Olivier Meyer, éd. Actes Sud, 176 p., 13,80 euros. Dès 10 ans